Histoire du Galec : la fondation et les premières années (1ère partie, 1962-1968)


 

Histoire du Galec : la fondation et-1968_- A la une E.Leclerc


 

A l’origine de la SC Galec : obtenir des ristournes et de bonnes conditions d’achat

Jusqu'en 1958, le Mouvement Leclerc est cantonné à la Bretagne. Aussi, la question de la création d’un groupement d’achat national ne se pose pas.

Depuis Landerneau où il a mis en place sa nouvelle formule de vente en 1949, Édouard Leclerc prend en charge l'approvisionnement des centres distributeurs dès leur ouverture. Progressivement, il compte de plus en plus de disciples. Aussi, son entreprise, les Établissements Leclerc, devient un véritable groupement d’achat qui passe les commandes pour les centres de la région, à charge pour ces derniers de venir retirer ensuite la marchandise dans ses entrepôts.

Dès 1958, des centres distributeurs ouvrent dans plusieurs autres régions de France. Beaucoup de ces adhérents de la première heure sont d’anciens grossistes, qui bénéficiaient avant leur adhésion, grâce à leur appartenance à un groupement, de conditions d’achats privilégiées et de ristournes.  Or, Édouard Leclerc impose l’approvisionnement en direct chez les fournisseurs et proscrit toute appartenance à des groupements d’achat. Aussi, très vite, de nombreux adhérents E. Leclerc réclament la création d’un groupement d’achat au niveau national afin de bénéficier à nouveau de leurs anciens avantages. Ces premiers centres étant peu nombreux et, pour la majorité d’entre eux, relativement éloignés les uns des autre, la constitution de groupements régionaux n’est, dans un premier temps, pas envisagée (ou alors seulement localement).

 

Un premier projet de groupement d’achat en avril 1962

L’initiative de la création d’un groupement national d’achat ne revient pas à Édouard Leclerc. En effet, si ce dernier a un talent certain et le goût de convaincre du bien-fondé et de la pertinence de sa formule de vente, il est peu intéressé par l’organisation et la structuration du mouvement qu’il est en train de créer. Il laisse aux adhérents le soin de construire leurs structures opérationnelles et logistiques.

Un premier projet est préparé par  Joseph Samson, l'adhérent de Saint Malo. Le 7 avril 1962, il adresse à quelques-uns de ses collègues une lettre, dans laquelle il développe son projet : le groupement  aura la forme d’une association, l'"Acdl" (l'Acdlec telle qu'elle est aujourd'hui n’existe pas encore) et aura son siège à Saint Malo. Édouard Leclerc en serait président d’honneur et François Le Bail, de Lorient, le président.  F. Le Bail est un ancien grossiste, qui a converti son commerce en 1959 (quand il sera radié en 1965, il sera à la tête d’un petit réseau succursaliste de 8 magasins). J. Samson contacte plusieurs fournisseurs et obtient leur adhésion de principe au projet. Quant à la réaction des adhérents Leclerc, nous ne connaissons que la réponse de l’adhérente de Tarbes, à qui J. Samson propose la fonction de vice-présidente : 

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On ignore les raisons pour lesquelles ce projet n'aboutira pas, mais on sait que très rapidement, Jean-Pierre Le Roch prend les choses en main.

 

Le projet retenu : une société anonyme coopérative à capital variable (octobre 1962)

Jean-Pierre Le Roch est un ancien garagiste qui a implanté le Mouvement en région parisienne en ouvrant un centre distributeur à Issy-les-Moulineaux en novembre 1959. Homme d’organisation, il a aidé les premiers centres franciliens à s’installer, puis à s’approvisionner. Il va prendre le problème à bras le corps en commençant par exclure la forme juridique initialement prévue, c'est-à-dire l'association.

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Le « Groupement d’achat des centres Leclerc – Galec » (c’est le nom qu’il lui donne) sera donc une société anonyme coopérative à capital variable.

Édouard Leclerc en est le président. J.-P. Le Roch, le président adjoint, reçoit d’embléela délégation des pouvoirs. Henri Bretéché de Saint Nazaire, Gilbert Domont de Saint Quentin, Jean-Claude Knaebel de Tarbes, Edouard Leclerc, J.-P. Le Roch, Michel Montlaur de Mazamet, J. Samson et Serre de Perpignan sont les premiers adhérents. Le capital initial, qui s’élève à 3500 francs, réparti en 35 actions de 100 francs chacune, est versé le 7 octobre 1962. La SC Galec ne sera cependant immatriculé au registre du commerce de la Seine que le 13 février 1964.

 

L’objet de la nouvelle société est clair :

1.       « Obtenir pour ses membres, des ventes promotionnelles, des remises sur marché, des ristournes de fin d’année – ces différents avantages pouvant, suivant le cas, soit être répartis périodiquement après encaissement par la société, soit être distribués directement à chacun des membres par les fabricants et les fournisseurs ;

2.       Grouper  les commandes de marchandises de ses membres et les transmettre aux fournisseurs au vue d’obtenir des prix  de revient plus bas ; la société n’ayant d’autre but que de permettre des achats en plus grandes quantités et à des conditions plus avantageuses conformément à l’article 1er de la loi du 10 septembre 1947, portant statut de la coopération. »

Si aujourd’hui, ce sont les sociétés exploitant les magasins qui sont membres de la SC Galec, en 1962, la majorité des adhérents sont commerçants en nom propre et n’ont pas de société. Ce qui explique l’article 5 du titre I des statuts : « Seuls peuvent être actionnaires de la société les commerçants pratiquant  la formule « centre distributeur Leclerc » et titulaire de l’autorisation de M. Édouard Leclerc, demeurant à Landerneau, rue des Capucins ».

 

Premières modifications des statuts

Entre octobre 1962 et 1964, deux modifications des statuts sont à noter :

-          le changement de siège social : du 166  avenue de Verdun à d’Issy-les Moulineaux (où se situe le premier magasin de J.-P. Le Roch)  au 32 rue Jean Bleuzen à Vanves (où il a ouvert un  second magasin dans lequel il dispose de locaux plus spacieux).

-          le changement de dénomination sociale : « groupement d’achat des centres Leclerc GALEC société coopérative anonyme à capital variable » devient « société coopérative groupement d’achat des centres Leclerc SC GALEC société coopérative anonyme à capital variable ». La préexistence d’une société dénommée Galec explique cette modification statutaire.

 

Grandes évolutions (de 1962 à la veille de la scission en 1968)

 

·         Une cotisation annuelle, fixe, peu élevée et relativement stable sur toute la période (1962-1969) : de 500 francs, elle passe à 1000 francs l’année suivante, redescend à 800 francs en 1965, avant de se stabiliser à 1000 francs/an jusqu’en 1969. Sachant que le chiffre d’affaires attendu d’un centre Leclerc était, vers 1966-1967 de 150 millions de francs/an, on peut considérer que c’est une somme relativement peu élevée.

 

·          La SC Galec va connaître une croissance régulière de ses membres : en octobre 1963, un an après sa création, la SC Galec compte 30 nouveaux membres.  La création des premières centrales régionales d’achats en 1964 va entraîner une modification de la nature juridique des actionnaires de la SC Galec car ces sociétés centrales d’approvisionnement collectif dont les statuts ont reçu l’agrément de Monsieur Édouard Leclerc vont devenir membres de la SC Galec. Peuvent également être actionnaires dans les régions où il n’existe pas de sociétés centrales d’approvisionnement collectif, les distributeurs pratiquant la formule « centre distributeur E. Leclerc », titulaires de l’autorisation de M. É. Leclerc. Une fois qu’une centrale devient adhérente de la SC Galec, ses membres doivent démissionner de la SC Galec. Aussi, il est difficile de savoir avec précision combien de magasins bénéficient alors in fine des services de la SC Galec. A titre indicatif, en janvier 1965, la SC Galec compte une quarantaine de membres (dont 3 centrales). En 1967, elle en compte 67 (dont 4 centrales). Chaque centrale représente de nombreux adhérents et on sait qu’en 1968 et 1969, la Scaf et la Scalo se développent considérablement. Le capital social de la SC Galec passe de 3500 francs en octobre 1962 à 20 000 francs en mai 1968. Sans disposer de chiffres précis, on peut néanmoins affirmer, avec une marge d’erreur très réduite, qu’en 1969, les centres distributeurs étaient nettement majoritaires au sein du Mouvement à bénéficier directement ou indirectement des services de la SC Galec.

 

Exemple de circulaire SC Galec envoyée aux adhérents (1965)

·         On connaît l’évolution du montant des ristournes redistribuées aux adhérents. Elles s’élèvent à 31 758 francs en 1963, 1 383 000 en 1966, 2 607 000 en 1967 et 3 405 121 en 1968. Cette augmentation conduit le conseil d’administration à conclure, dans son rapport à l’assemblée générale du 28 juillet 1969 : « Ces résultats prouvent que les centres Leclerc sont en pleine expansion et que les chiffres d'affaires se sont développés. Ils prouvent également que les efforts collectifs faits au sein des centrales d’approvisionnement ont porté leurs fruits. ». Aucune source actuellement conservée ne permet malheureusement de connaître l’évolution du nombre de fournisseurs référencés. L'activité de la SC Galec, dans les années 1960, se limite à la constitution d'une base de données sur les fournisseurs (grandes marques nationales de l'alimentaire essentiellement), aux négociations des conditions d'achat et à la redistribution des ristournes.

 

·         Évolution des moyens et du personnel : en octobre 1962, le directeur général adjoint J.-P. Le Roch, ne dispose, pour le seconder, que d’une secrétaire à temps partiel. Fin 1965, pour une meilleure organisation du secrétariat, le conseil d’administration décide de compléter le service par une employée susceptible de faire des tirages ronéo, de s’occuper du téléphone et d’exécuter des travaux de bureau, la charge de cette employée étant répartie entre l’Acdlec et la SC Galec. Un aide comptable à temps partiel est également recruté. En 1968, alors que le Mouvement décide d'agrandir la surface de vente de ses points de vente, la construction d’un grand entrepôt à Mauchamps est décidée afin de stocker les marchandises générales (tout le non-alimentaire) destinées à l’ensemble des centres E. Leclerc de France. Un employé est recruté pour prendre en charge les marchandises générales. Peu de temps après son inauguration, en septembre 1969, la scission aura lieu et l’entrepôt reviendra aux "Ex-offices de distribution" (futur Intermarché).

    La création de la SC Galec comme celle des centrales régionales (les actuelles "Sca") est largement due à J.-P. Le Roch. Les infrastructures et l'organisation commerciale et logistique de la SC Galec, comme de la Scaf et la Scalo (les centrales d'approvisionnement de la région parisienne et de la Loire Atlantique), deviendront "Ex-offices de distribution" après la scission. Les adhérents restés fidèles à Edouard Leclerc devront tout reconstruire. 

Des clés pour comprendre
 

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Edouard Leclerc ouvre son 1er magasin à Landerneau, en Bretagne, avec la volonté de faire baisser les prix pour le consommateur.

Cette aventure humaine est très vite devenue collective formant aujourd'hui une coopérative d'adhérents indépendants, propriétaires de leurs magasins.